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Hong Kong RAS Chine - Le bourgogne

Bailliage de Hong Kong Chine
4 janvier 2021

Une passion pour le bourgogne
Cinq années de croissance sans précédent

Au cours des cinq dernières années, la consommation de vins de Bourgogne a connu une croissance sans précédent à Hong Kong, de même qu’en Chine continentale. Je connais moi-même au moins une douzaine de petits clubs d’amateurs de vin à Hong Kong dont les membres se retrouvent régulièrement pour déguster et partager des bourgognes. Beaucoup d’entre eux m’ont d’ailleurs avoué ne boire désormais que des vins de cette région !

En 2019, malgré les troubles politiques et sociaux à Hong Kong, le bourgogne était indétrônable. Alors que les importations de vins d’autres régions avaient ralenti ou chuté, le bourgogne poursuivait sa hausse. Des records étaient battus cette année-là en termes de volume et de valeur, les bourgognes représentant 16 % de tous les vins AOC français importés dans la ville, selon le BIVB. [Ndlr. : BIVB = Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne].

Toutefois, les 9 premiers mois de 2020 ont été marqués par un ralentissement, avec une chute de 30 % du volume et une perte de valeur de 17 % des importations de bourgognes à Hong Kong. S’il s’agit peut-être d’une indication pour les ventes globales de bourgogne, cela ne reflète pas le 1 % supérieur de ces vins : les vignobles classés Grand Cru et les vins de garde. Les maisons de ventes aux enchères, telles que Zachys, Acker et Christie’s, continuent de tirer l’essentiel de leurs revenus des ventes de bourgognes à Hong Kong, surpassant les bordeaux malgré leur nombre considérable.

Les importateurs, les acheteurs et les sommeliers qui travaillent à Hong Kong m’affirment que l’engouement et l’intérêt pour les bourgognes sont toujours grandissants, même en cette période difficile. Dans le même temps, les gens continuent de s’éloigner des bordeaux.

Selon certains, cela est dû au fait que le style plus léger des bourgognes rouges et blancs s’accorde mieux avec la cuisine cantonaise et les plats plus sains. Selon d’autres, cette préférence pourrait être la conséquence d’une lassitude à l’égard des bordeaux, causée notamment par le marketing sans relâche des châteaux bordelais, leurs volumes importants, leurs prix excessifs et les récentes campagnes en primeur décevantes.

Cela contraste avec les petits volumes de bourgognes, qui ont coïncidé avec une demande croissante des consommateurs autour du monde et sept années consécutives de petits rendements (depuis 2010). Les bourgognes dégagent une impression d’exclusivité, de savoir-faire et d’originalité. L’histoire d’amour de Hong Kong et de la Chine avec les plus grands crus de Bourgogne ne fait que commencer.

Heureusement, l’augmentation de la demande s’est accompagnée d’une ambition et de pressions visant à produire des vins de grande qualité de manière constante, ce qui a motivé les producteurs à rivaliser avec les plus grands noms, à l’image des domaines de la Romanée-Conti, Armand Rousseau et Leroy. La nouvelle génération de producteurs et plusieurs micro-négociants prisés qui se sont lancés il y a une dizaine d’années viennent désormais jouer dans la cour des grands.

Lorsque j’ai commencé mes recherches sur « Les 100 vins de Bourgogne » en 2014, la fièvre des bourgognes avait déjà frappé plusieurs collectionneurs de vins sérieux à Hong Kong, Singapour et Taïwan, même si elle n’avait pas encore atteint le niveau d’engouement actuel. Le Japon avait déjà une longueur d’avance et revendait la grande partie de son stock à des collectionneurs à Hong Kong et en Chine au travers d’enseignes telles qu’Enoteca.

Au cours de l’écriture de cet ouvrage, j’ai découvert avec fascination que cet élan ne faisait que gagner en ampleur, et que le prix des vins ne cessait d’augmenter. Les 100 vins de Bourgogne inclus dans mon livre reflètent une sélection très personnelle, choisie pour la « cave de rêve » de ma fille.

Hong Kong est aujourd’hui en proie à la morosité car la plupart des amateurs de vins et de gastronomie sont obligés de rester chez eux en raison des restrictions imposées par le gouvernement sur les dîners au restaurant et événements sociaux. Même avant la dernière vague du virus, les protestations commencées en 2019 avaient freiné les sorties au restaurant et mis ce secteur à rude épreuve.

Je vis à Hong Kong depuis près de 27 ans et je n’avais jamais ressenti un tel sentiment d’abattement et d’anxiété parmi les résidents de cette ville dynamique, pourtant connus pour leur attitude cartésienne et pragmatique par rapport au travail et à la vie. Je continue néanmoins d’être optimiste : Hong Kong s’est redressée bien plus rapidement que l’on ne s’y attendait après la crise du SARS en 2003 et la crise financière mondiale de 2008. J’ai bon espoir que cette même combativité sera mise à profit lors du processus de reprise dans les années à venir.

Jeannie Cho Lee MW
Consultante, Resorts World Genting
Professeur en vin, Hong Kong Polytechnic University

Jeannie Cho Lee (née en 1968), d’origine américano-coréenne, est critique œnologique, auteure, journaliste, consultante, éducatrice en vin et titulaire d’un Master en vin, la première Asiatique à décrocher ce diplôme.

Ndlr. : Cet article a pu être publié grâce aux bons offices de Philip Evins, Bailli Délégué de Grande-Bretagne.

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