Tout à fait digne d’être inscrit au Patrimoine mondial, le Tourin Blanchi représente une institution profondément ancrée dans les traditions de la région Aquitaine et notamment le Bordelais où les habitudes ancestrales de bien manger et surtout de bien boire, quelque fois en excès, ont conduit nos aïeux à rechercher un antidote à ces lendemains qui déchantent avec leur cohorte de langue pâteuse, de lourdeurs, de migraines tenaces et de désagréable mal-être.

Ainsi est né le fameux tourin blanchi dont la vertu principale est de contribuer à rétablir un équilibre compromis par les excès de table tout en offrant la possibilité d’offrir à nos papilles par ses saveurs extraordinaires et son fumet délicat un mets qui ne rebute pas les estomacs désenchantés.

Pour tout dire, le tourin ne soigne pas ce que le dramaturge appelle pudiquement la « Gueula Linéa » et le commun des mortels plus prosaïquement la « Gueule de Bois », mais sa dégustation constitue un moment gastronomique apprécié pour un organisme par trop malmené par les excès et peu disposé à « remettre le couvert ».

NOTES D'AMBIANCE

Une tradition qui se perd : lors des soirées de noces, il était d’usage pour les invités attardés à continuer à faire la fête de porter, au petit matin, aux jeunes mariés dans la chambre nuptiale un tourin blanchi d’ordinaire présenté pour le fun dans un joli vase de nuit en porcelaine.

Une tradition qui perdure : après la dégustation du tourin servi dans une assiette creuse dite « à calotte » verser dans la dite assiette un verre de bon vin rouge du pays et se délecter de ce » chabrot » en le buvant à même l’assiette.

Bernard Seignat
Chancelier Honoraire