Le Prof. Dr. Janez Bogataj, Conseiller Gastronomique, est ethnologue, historien de l’art et Professeur émérite de l’université de Ljubljana. La gastronomie et la culture culinaire s’inscrivent dans ses recherches et dans le rayon d’expertise de son travail pédagogique. Il est auteur et co-auteur d’une soixantaine d’ouvrages, de nombreux articles scientifiques et spécialisés, de recherches et d’études. Il est apparu dans des films éducatifs et dans des émissions radiophoniques et télévisées. Certains de ses livres lui ont valu des récompenses internationales, telles que le Gourmand World Cookbook Award.

Ravnikar : Vous êtes membre de la Chaîne en Slovénie depuis ses débuts : pourquoi l’avez-vous rejointe ?

Bogataj : Pour plusieurs raisons. Naturellement, son champ disciplinaire, qui est indirectement lié à mes recherches spécialisées et à mon travail pédagogique dans le secteur de la cuisine et de la gastronomie. Les efforts économiques humains, les relations au sein de la société, la créativité spirituelle et les connaissances permettent de découvrir des cultures et des modes de vie différents. Un bol de soupe ou une assiette de nourriture peut révéler le caractère quotidien ou festif d’individus, de familles, de groupes et de communautés. L’histoire et les traditions vénérables de la Chaîne ont été un facteur essentiel d’influence, de même que la participation à des cercles scientifiques et experts. Je pense que notre rôle vise aussi à partager nos découvertes dans différentes sphères publiques. Le Chaîne assume la fonction de rassembleur de personnes de professions différentes partageant un intérêt pour les arts culinaires et la gastronomie.

Ravnikar : Comment envisagez-vous le rôle et l’activité des membres Professionnels dans notre Baillage ?

Bogataj : J’estime que nous avons beaucoup à faire pour éduquer les membres Professionnels potentiels sur l’importance et la signification de l’adhésion à cette prestigieuse organisation. Nous connaissons bien les systèmes de qualité et savons comment relever la barre pour atteindre les plus hauts niveaux. Cela ne se limite pas aux mets et aux boissons. Néanmoins, ces questions prennent du temps et nécessitent une approche différente. Il faut par-dessus tout comprendre le concept de la culture gastronomique, ainsi que les attitudes et les connaissances. Beaucoup de nos traiteurs font la promotion de la cuisine slovène au-delà des frontières de la Slovénie.

Ravnikar : La cuisine et la gastronomie sont désormais un centre d’intérêt dans le monde entier, et deux des principales raisons du tourisme. À quoi tient ce regain de popularité ? Quel doit être selon vous le rôle de la Chaîne dans ce phénomène mondial ?

Bogataj : En réalité, nous sommes face à un paradoxe : d’un côté, des préoccupations majeures en termes de famine et de pénurie d’aliments, d’un autre, des formes diverses en constante évolution de cuisines locales et régionales et de cultures gastronomiques. La diplomatie gastronomique remporte un franc succès. La « cuisine de rue positive » suscite également de l’intérêt. Le nombre d’événements et de festivals culinaires continue d’augmenter. Et malgré le développement du secteur informatique, au lieu de livres électroniques, nous constatons une hausse du nombre d’ouvrages imprimés traitant de cuisine et de gastronomie. Pratiquement tous les voyages organisés incluent la découverte de cultures culinaires locales. La population recommence à manger en fonction des saisons, les zones urbaines ont mis en place des jardins potagers. Cela prouve à quel point un développement mondial agressif n’est plus de mise. Il ne s’agit plus du simple fait de se nourrir, mais de la découverte de connaissances et de cultures différentes. Pour reprendre Molière : Il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger.